vc_edit_form_fields_attributes_vc_ Qui prend soin des soignants? – Croix-Rouge Croissant-Rouge

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Qui prend soin des soignants?

En Afrique du Sud, un petit groupe de volontaires déterminés montre comment le fait de prendre soin des soignants peut exercer un effet direct sur la qualité des soins qu’ils dispensent.

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Ruth Mufalali Van Rooyen était préoccupée : l’une de ses volontaires les plus dévouées était perturbée, car une petite fille dont elle s’occupait était gravement malade. «Elle était en larmes tous les jours, parce qu’elle redoutait vraiment que la fillette ne survive pas», explique Ruth Mufalali Van Rooyen, responsable des programmes de la Croix-Rouge sud-africaine à l’échelle provinciale (photo ci-dessus). Basée à Port Elizabeth, elle coordonne les volontaires qui s’occupent de patients atteints de tuberculose multirésistante, de VIH et d’autres maladies chroniques.

Pour la volontaire — qui soignait la fillette et lui rendait visite tous les jours depuis plus d’une année afin de s’assurer qu’elle prenait ses médicaments et se soignait —, la disparition de sa patiente eût été aussi tragique que le décès d’un proche. Fort heureusement, quelques mois plus tard, Ruth Mufalali Van Rooyen a pu obtenir qu’un psychologue volontaire offre des consultations gratuites à tous les soignants des sections locales de Port Elizabeth et d’Uitenhage. «Grâce à des séances avec le psychologue et grâce à ses pairs, la volontaire a pu poursuivre son travail, et aujourd’hui l’enfant est guérie.»

Cette décision de solliciter une aide extérieure illustre la prise de conscience croissante, dans les milieux humanitaires, du fait qu’aider les communautés à recouvrer la santé exige que les soignants soient eux-mêmes en bonne forme, capables de conserver leur calme et leur empathie en dépit des nombreuses pressions qu’ils subissent. La plupart des volontaires actifs en première ligne dans les crises actuelles appartiennent aux communautés qu’ils secourent; ils ont les mêmes préoccupations et connaissent les mêmes difficultés. La photographe et réalisatrice de films documentaires Alexia Webster s’est entretenue avec quelques soignants sud-africains : voici ce qu’ils lui ont dit.

Jeanette Mqaqa, âgée de 45 ans, est devenue soignante parce qu’elle aime enseigner aux gens à prendre mieux soin d’eux-mêmes et progresser dans la vie.

«La mort d’une personne dont on s’est occupé est parfois très difficile à accepter, comme si l’on avait failli à sa tâche. Il m’arrive de dire aux autres : “cette personne ne suit pas son traitement”. Il m’arrive de penser que c’est de ma faute; je me dis que c’est peut-être parce qu’elle ne m’aime pas.

«Pour combattre le stress, il m’arrive d’aller à l’église. Il y a aussi un club pour enfants, où nous organisons des activités éducatives, et ensuite je joue avec eux. Je chante et je discute avec les gens; cela me soulage. J’ai aussi suivi une séance de groupe avec le psychologue de la Croix-Rouge. J’ai appris que je devais me prendre en charge moi-même avant de pouvoir aider les autres.»

Lindeka Nkumanda, âgée de 41 ans, est portée à l’empathie et s’intéresse de longue date à la psychologie et à la prise en charge d’autrui.

«Parfois, quand l’état de santé d’un patient s’aggrave, il arrive que je fonde en larmes. Comme lorsqu’il s’agit d’une mère, une mère célibataire avec des enfants, dont nous savons qu’elle va mourir. Qui s’occupera de ses enfants et comment seront-ils pris en charge ? Dans des cas de ce genre, je pleure beaucoup, mais pas en présence de la patiente, parce que je ne veux pas qu’elle perde espoir. Je dois porter un masque et rester forte, pour le bien du patient.»

«La chose la plus intéressante que nous avons apprise grâce à l’assistance psychologique est la manière de gérer le stress, par exemple ce que nous pouvons faire pour prendre soin de nous avant de voir nos patients. Si l’on n’est pas bien soi-même, on ne peut pas aider les autres. Chacun doit connaître ses forces et ses faiblesses, et ne pas prendre les choses personnellement. Il ne faut pas se culpabiliser au sujet des choses que l’on ne peut pas maîtriser… Il faut savoir lâcher prise.»

Akhona Williams a commencé à travailler pour la Croix-Rouge sud-africaine comme volontaire en 2016, après l’obtention de son diplôme universitaire en psychologie.

Il suit maintenant des cours de Master à la faculté de psychologie de l’Université de Rhodes. Il propose des séances de groupe et des consultations individuelles gratuites aux soignants qui suivent des patients atteints de tuberculose multirésistante.

«À travers ces séances, j’essaie de faire le point sur l’état psychologique et émotionnel de chacun, pour ensuite créer un cadre favorable. Nous essayons de trouver des solutions en fonction de ce qui ressort des discussions. Par exemple, si un volontaire a un problème avec un patient qui refuse de suivre son traitement, nous tentons de trouver des moyens qui permettront au volontaire d’encourager le patient à respecter les indications, sans le forcer.»

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