Un atterrissage en douceur
Pour des volontaires comme Sami Rahikainen, il est crucial d’établir une relation de confiance avec les migrants qui arrivent dans un nouvel endroit à la recherche d’une toute nouvelle vie. Voici son histoire.
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Imaginez-vous surfant sur une immense vague qui progresse rapidement. Vous ne savez pas comment la vague va déferler; un vent de terre va peut-être freiner sa crête, à moins qu’un haut-fond l’amène à se briser plus vite que prévu.
Vos connaissances sur les vents dominants et les hauts-fonds sous-marins vous seront peut-être de quelque utilité, mais en définitive, votre capacité de garder votre équilibre sur votre planche repose non sur votre connaissance du moment et du type exact du déferlement, mais bien sur l’agilité, l’habileté et l’expérience qui vous permettront de réagir aux événements.
Pour les humanitaires, garder la maîtrise de la situation, dans un contexte en mutation rapide, ressemble un peu à cet exercice d’équilibre. Nous pouvons prédire avec une quasi-certitude l’évolution de certaines tendances — la température de la planète va continuer à augmenter, les cycles de sécheresse et de tempêtes vont s’intensifier, la technique transformera toujours davantage nos existences —, mais nous ignorons ce que produiront ces dynamiques complexes ni comment elles interagiront.
Les acteurs humanitaires ne sont pas les seuls à vivre dans l’incertitude de l’avenir. La plupart des penseurs, des «gourous» des techniques de pointe, des analystes et des prévisionnistes financiers ne s’accordent guère que sur quelques points : le rythme du changement va s’accélérer, le réseau d’interconnexions qui définit la vie moderne va gagner encore en complexité, et personne ne sait vraiment où nous mènera la vague.
L’avenir est incertain
Pour certaines de ces questions, les réponses sont déjà apparentes autour de nous. Pour prendre l’exemple de l’argent, une étude révèle que dans certaines zones urbaines de Chine, près de 80 % de la population n’utilise plus d’espèces dans ses transactions quotidiennes : tous les paiements se font par voie électronique, grâce aux téléphones portables. Dans certaines zones rurales d’Afrique, les statistiques révèlent une tendance similaire.
Qu’en est-il des machines dites «intelligentes» ? Des formes très primitives d’intelligence artificielle jouent déjà un rôle considérable dans notre vie quotidienne, que ce soit dans nos téléphones, dans nos voitures ou dans nos habitations. Chaque fois qu’une personne effectue un achat en ligne ou lance une recherche sur Internet, par exemple, des ordinateurs enregistrent ces actes, puis mettent en œuvre des algorithmes complexes pour établir le profil des consommateurs et prédire leurs comportements futurs afin de leur proposer directement des offres correspondant à leurs besoins potentiels, tout cela sans aucune intervention humaine.
De la même manière, des ordinateurs utilisent des algorithmes pour prendre en une fraction de seconde des décisions d’achat ou de vente en bourse, pour produire des analyses de modélisation météorologiques ou pour ordonner à des systèmes d’armes de réagir de telle ou telle manière dans des circonstances données.
La question de savoir à quelle échéance l’intelligence artificielle et la robotique vont prendre la main dans des domaines plus étendus de la vie humaine suscite de vastes débats. De nombreux penseurs estiment que l’être humain sera contraint de s’appuyer toujours plus sur l’intelligence artificielle pour faire face au rythme et à la complexité croissants de la vie moderne. En combinant cette tendance avec les avancées rapides d’autres techniques — le génie génétique et ce que l’on appelle «l’amélioration humaine» ou «l’humain augmenté»—, d’aucuns vont jusqu’à prédire que l’homme pourrait, dans quelques générations, devenir un type de créature tout à fait différent.
L’affirmation peut paraître excessive; pourtant, elle repose sur des évolutions en cours. De nombreuses entreprises sont en train de mettre au point des systèmes d’amélioration physiologique, comme des exosquelettes mécaniques qui accroissent la force physique. D’autres proposent d’installer des formes diverses de nanotechnologie (appareils et ordinateurs microscopiques) dans le corps humain, pour améliorer la vision, pour passer des contrôles de sécurité ou pour contrôler les paramètres biologiques d’une personne.
Si tous ces moyens techniques présentent de nombreux avantages potentiels, ils suscitent aussi bien des questions éthiques et recèlent des problèmes potentiels d’ordre humanitaire. Les moyens techniques d’amélioration humaine pourraient-ils être employés à des fins malveillantes ou accroître le risque de violations du droit humanitaire ? Nos interactions croissantes avec des machines vont-elles nous rendre plus libres, ou au contraire plus vulnérables au pouvoir d’autrui ? Si des robots ou des humains semi-automatisés ou «augmentés» effectuent davantage de travail, quelles seront les conséquences pour les travailleurs, leurs familles et leurs communautés ? Enfin, les effets de ces changements seront-ils uniformément répartis dans le monde entier ?
Photo : Travis Lyssy/Travis Lyssy Photography
Pour suivre le rythme de l’évolution rapide et profonde du monde d’aujourd’hui, le secteur humanitaire doit fondamentalement changer sa manière de travailler pour passer d’une action isolée à un impact collectif.
L’avenir est local
Toutes les tendances et innovations, cependant, ne sont pas toutes guidées par des techniques nouvelles, ni mises au point dans des laboratoires bien dotés de pays occidentaux ou de l’hémisphère nord. De nombreuses innovations voient le jour dans des communautés du monde entier, partout où des personnes imaginent des moyens nouveaux de résoudre les problèmes complexes auxquels elles sont confrontées.
C’est ainsi qu’un agriculteur indonésien élève des mouches black soldier fly (hermetia illucens), qui se nourrissent des déchets obstruant les lits des cours d’eau, source d’inondations. Les mouches adultes contribuent ainsi à prévenir les inondations, tandis que leurs larves peuvent servir d’aliment aux animaux d’élevage. Cette idée a retenu l’attention de la Croix-Rouge indonésienne, de la FICR, de l’Université de Hambourg et de divers donateurs, qui se sont associés pour créer un «fonds pour l’innovation» destiné à soutenir des idées innovantes dans le domaine de la prévention des inondations.
«Les innovations existent déjà dans les communautés», affirme Carlos Alvarez, qui travaille sur l’innovation et les communications de demain pour l’Unité politiques, stratégie et connaissances de la FICR. «Il s’agit de leur trouver un financement et de permettre leur développement, pour qu’elles puissent être diffusées plus largement dans les communautés et produire leurs effets à plus grande échelle.»
L’élevage de la mouche black soldier fly n’est qu’une idée parmi bien d’autres qui ont surgi au cours de l’année écoulée, depuis que des équipes formées par la FICR, le CICR et les Sociétés nationales s’attachent à interpréter les tendances émergentes et futures et à soutenir les idées qui aideront le Mouvement à anticiper l’avenir. Ce sera là l’un des thèmes essentiels des réunions statutaires 2017 du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant- Rouge qui se dérouleront au début du mois de novembre en Turquie.
Le Forum CR2, dans ce cadre, sera axé sur les dilemmes actuels et futurs et sur les solutions possibles. Les idées qui en résulteront viendront nourrir les discussions lors de l’Assemblée générale de la FICR, enrichir les débats et les décisions pendant le Conseil des Délégués et elles contribueront à formuler l’ordre du jour de la Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge en 2019.
Les questions sont si nombreuses que le défi, pour le Mouvement, consiste non pas nécessairement à prédire des résultats précis, ni à mettre au point un gadget ou une innovation parfaite pour tout scénario potentiel : il s’agit bel et bien, d’une certaine manière, de devenir de meilleurs surfeurs.
«La question, pour nous, est la suivante : comment faire émerger les mécanismes et les attitudes, au sein de nos organisations, qui nous permettront de rester constamment en état de veille pour s’adapter aux changements du monde qui nous enture ?», explique Shaun Hazeldine, qui dirige l’équipe de la FICR chargée d’analyser les tendances futures.
Au coeur de ces débats, les questions fondamentales et urgentes qui se posent sont de savoir quel type de Mouvement nous devons devenir pour affronter ces défis complexes et en rapide mutation, et quel type d’acteurs humanitaires nous devons être dans un monde où les postulats les plus élémentaires des générations précédentes — y compris la notion même d’être humain — peuvent être remis en question.
Promesse ou menace ?
Les changements rapides et potentiellement gigantesques qui s’annoncent esquissent-ils un avenir radieux pour l’humanité ? Ou annoncent-ils un horizon plus sombre ? Et quelles en seront les conséquences pour les acteurs humanitaires ?
Lors de rencontres de volontaires et d’employés Croix-Rouge Croissant-Rouge organisées pour étudier les tendances d’avenir dans le cadre du processus «Futurs possibles et analyse prospective», les avis sont généralement partagés, comme l’explique Aarathi Krishnan, coordonnatrice de l’innovation pour la FICR, basée à Kuala Lumpur. «La moitié des participants environ voient les changements à venir comme une chance à saisir et l’autre moitié comme une menace».
D’après les rapports de suivi des ateliers, de nombreux volontaires et employés du Mouvement voient déjà, dans le monde actuel, des niveaux de conflit, d’inégalité et d’aliénation à la hausse : un monde dans lequel les valeurs humanitaires sont menacées. En même temps, nombreux parmi eux sont ceux qui prévoient une motivation, voire un optimisme nouveaux, étant donné le rôle que joue le Mouvement pour encourager l’empathie, l’engagement de la communauté et les valeurs humanitaires dans un monde de moins en moins solidaire.
Une chose est sûre : qu’il soit souriant ou menaçant, le changement est là, et il est rapide. Pour le monde des affaires, savoir garder le cap au cœur de l’évolution frénétique des tendances, des forces du marché et des goûts des consommateurs a toujours été un facteur critique. Avec l’accélération constante des changements, les entreprises investissent encore plus pour interpréter les tendances futures, principalement par l’analyse de grandes quantités de données. Elles recourent, en bref, à des formules mathématiques appliquées par des ordinateurs pour dégager des tendances dans des océans de données afin de parvenir à des conclusions ou de prendre des décisions.
La convergence de l’intelligence artificielle, d’ordinateurs capables d’apprentissage profond (deep learning) et de l’informatique en nuages (qui permet de compiler, de fusionner et d’analyser d’énormes ensembles de données) offre de nouvelles manières de voir, de comprendre et d’influencer les comportements individuels et les grandes tendances politiques et économiques.
Ces vagues transparentes sont, pour reprendre les termes de leur créateur Pablo Suarez, directeur de la recherche au Centre Climat de la FICR, «des sculptures de données». Les crêtes et les creux représentent les variations du débit d’eau en amont et en aval d’un barrage au Togo, où un logiciel d’apprentissage est utilisé pour prédire les risques d’inondation. Photo : Janot Mendler de Suarez/Centre Climat de la FICR
Les mégadonnées
Les organisations humanitaires n’ont, en règle général, pas beaucoup investi dans l’innovation, préférant tirer parti des percées réalisées dans d’autres secteurs. Aujourd’hui, les choses commencent à changer, comme le montre, par exemple, l’utilisation des «mégadonnées». La Croix-Rouge néerlandaise, a ainsi lancé l’«Initiative globale 510», qui a pour but de rendre l’aide humanitaire plus rapide et plus efficace par rapport à son coût en recourant à l’apprentissage automatique pour prédire les dégâts causés par les typhons, les séismes et les inondations.
«Sur la base des données historiques relatives aux dommages, nous pouvons prédire avec une précision toujours plus grande l’impact d’une catastrophe, quelques heures à peine après qu’elle s’est produite», assure Maarten Van der Veen, la personne à l’origine du projet au sein de la Croix-Rouge néerlandaise. «Ces premières données peuvent nous aider à définir les priorités pour nos opérations de secours immédiates.»
Au barrage de Nangbéto sur le fleuve Mono au Togo, les systèmes d’apprentissage automatique aident les opérateurs des centrales hydroélectriques à prévoir les risques d’inondation et à communiquer l’information aux communautés qui vivent en aval.
«Les barrages sont des partenaires tout trouvés pour cette initiative, car il est possible de prévoir le moment où des inondations sont particulièrement probables », explique Pablo Suarez, directeur associé de la recherche et de l’innovation au Centre Croix-Rouge/ Croissant-Rouge sur le changement climatique et la préparation aux catastrophes, et l’un des concepteurs du système.
Après une inondation de grande ampleur sur le fleuve Mono en 2010 — après laquelle il fallut 34 jours pour que le financement international des secours d’urgence parvienne jusqu’à la Croix-Rouge togolaise —, Pablo Suarez et ses collègues ont conçu un système qui utilise un algorithme complexe pour analyser les précipitations passées et prévoir le moment où le barrage atteint sa capacité maximale. Des fonds de prévention de catastrophe sont alors mis à disposition avant qu’une inondation ne se produise, sur la base de prévisions des débits maximaux probables en aval.
Mes données, ma dignité
Ces projets sont deux exemples parmi bien d’autres du rôle que les données peuvent jouer et joueront certainement à l’avenir. En 2018, on estime que plus de 3 milliards et demi de personnes — près de la moitié de la population mondiale — utiliseront au moins une application de messagerie.
Les organisations humanitaires ne font pas exception. Ainsi de «What Now?», une initiative soutenue par un partenariat entre Google et le Centre mondial de préparation aux catastrophes de la FICR, qui fournit aux utilisateurs de téléphones portables, dans le monde entier, des alertes précoces et des conseils.
Des travaux de recherche récents du CICR suggèrent d’accorder beaucoup plus d’attention aux applications pour téléphone portable en tant qu’outil pour accroître l’efficacité des opérations et leur réactivité à des besoins en rapide évolution. Cependant, comme le relève le rapport du CICR de janvier 2017, Humanitarian Futures for Messaging Apps, la prudence, dans ce domaine, doit rester de mise pour les organisations humanitaires.
La plupart des applications de messagerie collectent automatiquement un large éventail de données sur les utilisateurs. Par conséquent, si les humanitaires utilisent de telles applications pour toucher des groupes spécifiques de personnes dans le besoin, ils doivent assurer la protection de ces données. Même si la collecte de données est faite par inadvertance, elle pourrait accroître les risques encourus par des personnes ou des groupes.
Il faut donc que les organisations humanitaires se dotent de politiques claires et solides de protection des données, réglant toute une gamme de questions liées entre elles, allant du consentement donné en connaissance de cause à des mesures efficaces de cryptage et aux droits à la protection de la vie privée, entre autres choses.
La question dépasse le cadre des applications de messagerie, car les organisations humanitaires recourent de plus en plus souvent à des moyens électroniques pour réaliser des évaluations sur le terrain, pour enregistrer les personnes auxquelles elles apportent une aide et pour transférer des fonds à des fins d’assistance. Certaines d’entre elles utilisent même des données biométriques telles que des empreintes manuelles pour vérifier l’identité des personnes recevant une assistance. C’est l’une des raisons pour lesquelles le CICR a lancé récemment, avec Privacy International, un projet de recherche afin de réfléchir de manière plus approfondie aux risques que présentent les métadonnées générées par les organisations humanitaires.
Défis inédits
De fait, chaque nouvelle possibilité, tendance ou innovation s’accompagne d’une multitude de dilemmes techniques et éthiques connexes. Le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge va devoir, très rapidement, identifier et analyser ces tendances, puis s’exprimer au sujet de leurs conséquences en termes humanitaires.
Dans un article récent pour le blog de l’Union internationale des télécommunications, Anja Kaspersen, du CICR, relève que des algorithmes ont su diagnostiquer certaines formes de cancer de manière plus précise que des oncologues humains chevronnés.
«Et dernièrement, ajoute-t-elle, un algorithme d’intelligence artificielle appelé Libratus s’est montré très prometteur en tant que joueur de poker.» Le problème réside dans le fait que — jusqu’ici tout au moins — il est difficile de savoir précisément pourquoi ces algorithmes ont pris telle ou telle décision, ce qui rend extrêmement ardue la tâche de prendre des mesures correctives ou de rendre compte des actes effectués. Ces questions deviennent encore plus graves si l’intelligence artificielle est utilisée pour donner à des systèmes d’armes un pouvoir autonome de choisir des cibles.
«Imaginez un algorithme d’apprentissage profond qui se révélerait plus capable qu’un être humain de distinguer les combattants des civils, poursuit-elle. Sachant qu’il sauvera davantage de civils que ne le feraient des décideurs humains, avons-nous l’obligation morale d’autoriser ce logiciel à prendre des décisions de vie ou de mort ? Ou cela serait-il moralement inacceptable, sachant que l’algorithme ne pourra pas expliquer le raisonnement qui a conduit à une erreur, ce qui nous mettra dans l’impossibilité de remédier à sa capacité de répéter la même erreur ?»
Comprendre les avantages et les écueils potentiels de l’intelligence artificielle est essentiel, selon l’auteur, car nous semblons «à la veille d’une course mondiale aux armements mue par l’intelligence artificielle (…) et les systèmes basés sur celle-ci risquent de bouleverser la conduite de la guerre de manière non moins spectaculaire que la poudre à fusil et les armes nucléaires.»
Nouveaux acteurs, nouveau terrain
Qu’ils soient positifs ou négatifs, les grands bouleversements qui touchent l’action humanitaire ne sont pas tous causés par des avancées technologiques. De nouveaux protagonistes humanitaires, y compris des alliances d’un type inédit entre acteurs privés, publics et communautaires, transforment la participation aux interventions humanitaires.
«Une nouvelle génération d’entreprises à vocation sociale coopèrent avec des organisations non gouvernementales pour concevoir des solutions et attirer de nouvelles formes de financement », assure Ramya Gopalan, coordonnatrice de la FICR pour l’innovation dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. «Ces entreprises ont souvent un type de gestion à structure légère, proche de celui des “start-up” commerciales.»
L’expérience a toujours été l’un des principaux atouts du Mouvement. Or, dans ce monde nouveau, elle peut être une entrave. «De nombreuses organisations de la taille de la nôtre pensent qu’elles ont des droits acquis, relève Ramya Gopalan. Nous avons tendance à penser que notre place est assurée parce que tel a toujours été le cas. Mais aujourd’hui, ce n’est plus vrai.»
À une époque où les organisations humanitaires subissent une pression accrue des donateurs pour changer de modèle opérationnel et mieux coordonner leurs activités, y compris avec les groupes locaux et d’autres secteurs, comprendre ces tendances devient vital.
«L’écosystème humanitaire a un besoin criant de réformes, qui exigent à leur tour un profond changement de mentalité», estiment Peter Walton, directeur des affaires internationales, et Fiona Tarpey, responsable de la stratégie et des politiques internationales pour la Croix-Rouge australienne, dans un article pour le site Web de Croix-Rouge, Croissant-Rouge (rcrcmagazine.org).
«Il est temps que nous adoptions une vision plus systémique et à plus long terme de la collaboration entre organisations et composantes du Mouvement, pour créer des coalitions plus créatives», poursuivent les auteurs.
On peut citer en exemple un projet pilote de la Croix-Rouge australienne à Vanuatu qui cherche à associer les fournisseurs locaux à l’acheminement de l’assistance. Il s’agit de créer des partenariats entre les fournisseurs locaux, les organismes humanitaires et le gouvernement, afin d’augmenter la capacité des entreprises locales de fournir des biens et des services pour les interventions d’urgence. Il deviendrait ainsi possible d’apporter des secours plus rapidement à des communautés insulaires difficiles à atteindre, tout en stimulant l’économie locale.
Des changements de ce type n’iront toutefois pas sans difficulté, et l’un des enjeux majeurs pour le Mouvement consistera à s’adapter au changement tout en préservant le respect des valeurs qui ont fait sa réputation de fournisseur fiable et neutre de secours impartiaux depuis plus de 150 ans.
«Il ne s’agit pas de jeter par-dessus bord nos traditions et notre culture», assure John Sweeney, qui coordonne l’équipe «Futurs possibles et analyse prospective » de la FICR. «Ils’agit d’imaginer comment tirer parti des possibilités qui s’offrent et de répondre au changement de manière active, en identifiant les mesures qui fonctionnent bien et en les amplifiant pour qu’elles deviennent la nouvelle norme, et de continuer ensuite à se transformer pour évoluer.»
Michael Charles, de la FICR: La terrible alternative des familles africaines