Un atterrissage en douceur
Pour des volontaires comme Sami Rahikainen, il est crucial d’établir une relation de confiance avec les migrants qui arrivent dans un nouvel endroit à la recherche d’une toute nouvelle vie. Voici son histoire.
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LORSQUE JE PENSE aux souffrances des migrants — et à l’action entreprise par le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour y répondre —, deux photographies prises en Italie cette année me reviennent en mémoire. Sur la première, un tout jeune garçon fraîchement débarqué dans le port de Catane, blotti dans les bras d’une volontaire de la Croix-Rouge italienne. Sur la deuxième, ce même petit garçon jouant avec des volontaires dans un camp pour migrants de la Croix-Rouge italienne à Rome.
Je me prends à songer à la suite du parcours de cet enfant. Un volontaire de la Croix-Rouge autrichienne le prendra-t-il dans ses bras ? Recevra-t-il un repas de la Croix-Rouge allemande ou des soins médicaux d’une autre Société nationale, selon la prochaine destination de sa famille ? Qui sait si celle-ci n’a pas déjà reçu l’aide du Mouvement, dans le pays qu’ils ont fui ou ailleurs, bien avant d’arriver en Europe ?
Sur ces routes où se pressent les migrants, en Europe comme ailleurs, l’assistance directe fournie par le Mouvement en première ligne, sa réponse pleine de compassion, proclament avec force que quel que soit leur statut juridique actuel, les personnes qui fuient le conflit, les persécutions, la pauvreté ou les catastrophes naturelles méritent d’être traitées avec humanité. Fort heureusement, cette conviction est largement partagée. Émus par les images et les nouvelles de migrants désespérés, des gens, partout dans le monde, ont pris l’initiative d’apporter leur aide.
Le monde entier a été bouleversé, voici quelques mois, par une autre image : celle d’un petit garçon syrien du nom d’Aylan, noyé durant la traversée entre la Turquie et la Grèce. Cette tragédie a secoué les consciences, suscité une empathie encore plus vive à l’égard des familles de migrants et contribué à faire évoluer l’opinion publique. Elle a même, dans certains pays, contribué à infléchir la politique en matière de migration.
Et pourtant, le débat à l’échelle internationale demeure trop souvent axé sur le renforcement des frontières plutôt que sur l’analyse des causes, la recherche de solutions à long terme et la mise en place de mesures empreintes d’humanité. Les gens qui fuient pour échapper à la mort, laissant derrière eux des villes anéanties par les bombes ou cherchant à échapper aux persécutions, à la famine ou aux conséquences des catastrophes naturelles, chercheront toujours de nouvelles voies vers la sécurité. Si les possibilités légales de migration se réduisent, leurs parcours risquent de devenir toujours plus périlleux.
Le Mouvement a lancé cette année la campagne «Protéger l’humanité» (#Protégerl’humanité), par laquelle nous incitons chacun, partout dans le monde, à se joindre à notre appel en faveur de la protection et du respect de la dignité des personnes sur toutes les routes migratoires. Nous présenterons cet appel aux États réunis à Genève (Suisse) en décembre à l’occasion de la XXXIIe Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, une assemblée mondiale organisée tous les quatre ans pour débattre d’enjeux humanitaires essentiels et de propositions concrètes destinées à réduire les souffrances humaines.
Francesco Rocca, Président de la Croix-Rouge italienne et vice-président de la FICR.
Que demandons-nous aux États ? Le long des voies migratoires, les gouvernements doivent prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité, le bien-être et la dignité de tous les migrants, quel que soit leur statut juridique. Les migrants doivent avoir accès, sans entrave, à l’assistance humanitaire. Les États doivent être prêts à rechercher et à sauver les personnes en détresse en mer et redoubler d’activité pour protéger et aider les victimes de la traite des êtres humains.
Les demandeurs d’asile doivent avoir accès à des procédures équitables et efficaces de décision concernant leurs demandes, mais aussi aux soins médicaux et à des moyens de rester en contact avec leur famille. Quant aux fonctionnaires, ils doivent affirmer sans ambiguïté leur rejet de la violence, de la xénophobie et de la discrimination à l’égard des migrants. Enfin, toutes les personnes concernées doivent coopérer pour trouver des solutions politiques, économiques et sociales aux causes profondes des migrations forcées.
Le Mouvement, réseau humanitaire mondial, est présent dans les pays où le conflit, l’instabilité chronique, la pauvreté et les catastrophes naturelles forcent des gens à fuir leur foyer dans des conditions de détresse absolue. Les réalités dont nous sommes témoins sur place montrent l’étendue de la tâche qui reste à accomplir pour prévenir et limiter les souffrances et pour protéger les personnes vulnérables, où qu’elles se trouvent.
Nous devons aussi collaborer de manière beaucoup plus efficace, dans les pays d’origine, de transit et de destination, pour placer l’être humain au centre de notre réponse collective. Ensemble, nous pouvons grandement soulager le désespoir qui règne le long des routes de la migration et même faire en sorte que disparaissent ces images sinistres de navires échoués et d’enfants noyés. Signez la pétition à #Protégerl’humanité ou www. ifrc.org/protecthumanity et rejoignez-nous dans notre appel pour un monde plus sûr et plus humain.
Faire l’impossible : une journée comme une autre à l’Hôpital républicain de Saada